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Nicolas Pariser / 2022

Le Parfum vert


Par Geneviève Sellier / jeudi 5 janvier 2023

N'est pas Hitchcock qui veut !

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Alice et le maire(2019) deuxième long métrage de Nicolas Pariser, succès critique et public (plus de 700 000 entrées), avait suscité de notre part quelques réserves…
Avec Le Parfum vert, le réalisateur confirme les limites de son talent… Se présentant explicitement comme un pastiche des films d’Hitchcock dont il propose un véritable pot-pourri, le film peine à exister autrement que par ses références (le réalisateur s’inspire aussi du Tintin d’Hergé).

En pleine représentation à la Comédie française, Martin (Vincent Lacoste) reçoit les derniers mots d’un acteur qui meurt empoisonné, mais c’est lui que la police recherche ; obligé de se cacher, il trouve de l’aide en la personne de Claire (Sandrine Kiberlain), une dessinatrice de BD, sans qu’on comprenne pourquoi elle a décidé de s’attacher aux pas du fugitif recherché qui va bientôt virer espion en service commandé pour remonter la piste du Parfum vert, une organisation d’extrême-droite qui cherche à semer le chaos en Europe.

L’inévitable Vincent Lacoste promène sa silhouette dégingandée de la Comédie française dans différentes villes d’Europe qui défilent comme autant de cartes postales, accompagné par une Sandrine Kiberlain en roue libre… Malheureusement, la course poursuite des deux héros à travers l’Europe sonne creux : le rappel insistant jusqu’à l’obscénité de leur origine ashkenaze et de l’extermination des Juifs d’Europe ne parvient pas à donner de la profondeur au film ni à leur relation. Par contraste, la manière dont Hitchcock parvient, dès sa période anglaise, mais surtout dans sa période américaine, à donner de la consistance à ses personnages et à leurs relations amoureuses, souligne cruellement la vacuité de ceux du film de Pariser.
Comme dans Alice et le maire, mais de manière beaucoup moins réussie, Nicolas Pariser cherche à capter l’air du temps « féministe » en construisant un personnage féminin aussi dynamique et audacieux que le personnage masculin est terrifié et pusillanime (mais si attendrissant…).

Pourtant la mayonnaise ne prend pas, faute d’un minimum d’authenticité ou d’implication affective dans l’écriture du scénario. Il manque la sensibilité d’écorché vif du maître du suspense, qui lui a permis à maintes reprises, comme Tania Modleskil’a superbement analysé, de s’identifier à des personnages féminins dominés ou vulnérables. Rien de tel ici. On ne ressent pas une seconde le poids de l’histoire familiale de Kiberlain, et encore moins celui des rêves traumatiques de Lacoste sur Auschwitz. Il reste un déploiement de moyens et de talents assez vain, qui ne réussit même pas à produire l’effet réjouissant d’une comédie pétillante destinée aux fêtes de fin d’année.


générique


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