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Quentin Dupieux

Incroyable mais vrai


Par Geneviève Sellier / dimanche 10 juillet 2022

La montagne accouche d’une souris


Quentin Dupieux nous avait agréablement surpris.es avec Le Daim, une satire au vitriol du fétichisme vestimentaire (une veste en daim qui devient l’alter ego de son propriétaire) et au second degré, du cinéma d’auteur, à travers une intrigue aussi simple que délirante, portée par la performance de deux excellents comédiens, Jean Dujardin et Adèle Haenel. On aurait aimé qu’il récidive au même niveau de folie tranquille avec Incroyable mais vrai.
Le postulat de départ semble être dans un registre similaire : un couple d’âge mûr, Alain (Chabat) et Marie (Léa Drucker), acquiert une villa dont la cave contient un trou aux vertus magiques de rajeunissement. Pendant que son mari fait le dos rond pour échapper aux clients vindicatifs dont il a la charge en tant qu’agent d’assurance, l’épouse qui ne semble pas travailler, se laisse littéralement happer par ce trou, dont elle espère un rajeunissement qui lui permettra de réaliser son rêve de jeunesse : mannequin.
Un dîner réunit ce couple avec un couple voisin dans cette banlieue résidentielle, formé par le patron d’Alain, Gérard, un macho épais (Benoit Magimel) et sa bimbo de femme (Anaïs Demoustier) ; ceux-ci leur annoncent triomphants que Gérard s’est fait poser une bite électronique !

Le film est désormais en roue libre, entre la course à la jeunesse de Marie, et la course à la performance sexuelle de Gérard, les deux ayant le même effet, à des rythmes différents : la destruction de la relation de couple, au profit d’une course vers la folie pour l’une, vers la mort pour l’autre.

Quelques séquences sont hilarantes, en particulier celles sur l’équipe médicale japonaise responsable de la greffe puis de la réparation sans cesse à réitérer de la bite électronique.

Mais on ne peut s’empêcher de regretter une pauvreté certaine dans le traitement du sujet : Marie est réduite à son obsession du rajeunissement et son idéal du mannequinat paraît bien dérisoire… tandis qu’Alain fait figure de vieux sage, assistant navré aux égarements de sa femme. Gérard quant à lui utilise sa bite électronique pour collectionner de plus en plus frénétiquement les conquêtes féminines, sans qu’aucune de ses partenaires n’ait la moindre épaisseur.

On retrouve en partie ce qui fait la qualité du cinéma de Dupieux : l’énormité des prémisses et l’économie des moyens. Mais ici on a l’impression d’une montagne qui accouche d’une souris.


générique


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