Le titre est la traduction du titre anglais « Escape »… sans commentaire !
Dans la banlieue résidentielle de Londres, une femme au foyer, mère de deux jeunes enfants, épouse d’un jeune cadre qui apprécie autant ses services ménagers que son corps, en particulier le matin avant de partir au boulot, se demande quel sens a sa vie…
Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe en 1949, puis Betty Friedan dans The Feminine Mystique en 1963, ont fait le tour de la question du malaise des femmes des classes moyennes supérieures, réduites au statut contingent de femme au foyer dont l’horizon se limite à s’occuper de leur mari et de leurs enfants. Sur cette question, Les Noces rebelles (Revolutionary Road, Sam Mendes, 2008) avec Kate Winslet et Leonardo DiCaprio, adaptation du roman éponyme de Richard Yates paru en 1961, a proposé une variation remarquable et tragique.
Rien à voir avec la bluette qui vient de sortir sur nos écrans, focalisée sur le visage peu expressif de l’actrice Gemma Arterton (qu’on a vu dans le film d’Anne Fontaine, Gemma Bovery, sorti en 2014). Il n’est pas difficile en effet de comprendre à quel point la jeune Tara s’emmerde dans sa jolie maison, entre ses deux jolis enfants et son gentil (?) mari, d’autant plus qu’elle n’a aucun problème pour joindre les deux bouts (les femmes pauvres n’ont pas pas le temps de s’ennuyer, accablées qu’elles sont par les soucis matériels, voir les films de Ken Loach).
Donc un matin, il lui prend l’envie de fuir, qu’elle tente de maîtriser pendant un temps, jusqu’au moment où elle prend ses cliques et ses claques et l’Eurostar pour Paris : elle a découvert, en chinant, un livre sur la tapisserie de la Dame à la licorne, sur laquelle se focalisent ses désirs de changer de vie (!), et qu’on peut voir au Musée de Cluny. Dans le musée en question, elle rencontre un photographe (Jalil Lespert) qui la drague gentiment, ils se font croire tous les deux qu’ils sont libres et passent la nuit ensemble. Au petit matin, la réalité conjugale de l’homme fait retour et elle le chasse de sa chambre d’hôtel. Après avoir erré dans la capitale, elle est hébergée par une bonne fée (Marthe Keller) qui lui conseille de réintégrer son foyer en essayant de changer de vie (?). Son mari vient la chercher et elle tombe dans ses bras.
L’épilogue est identique à la scène d’ouverture : elle est chez elle et s’apprête à sortir pour aller se promener dans le parc voisin…
Tout ça pour ça…
Mis à part la fascination pour le visage lisse de Gemma Arterton, on se demande ce qui a motivé ce film, sinon peut-être de la part du réalisateur, l’envie de se convaincre que les gentilles femmes au foyer des classes favorisées britanniques peuvent surmonter le sentiment de vacuité que leur donne la vie qui leur est faite, pour maintenir la tranquillité du système patriarcal (on sait que le taux de femmes qui ont un travail rémunéré en Grande-Bretagne est nettement plus faible qu’en France et que rien n’est prévu pour la garde des enfants)…