Éloïse Lang est, avec Noémie Saglio, la scénariste et réalisatrice d’une série de pastilles en caméra cachée diffusées en 2013 sur Canal+, sous le titre de Connasse, avec Camille Cottin, satire hilarante de l’arrogance parisienne, puis d’un long-métrage avec la même et avec le même procédé, Connasse, princesse des cœurs (2015). Le film, compte tenu de son budget modeste de 4M€, a obtenu un joli succès public, plus d’un million d’entrées.
Camille Cottin est devenue ensuite l’actrice principale de la série Dix pour cent (France 2, 2016), où elle incarne une des associé.e.s d’une agence d’acteurs/trices, une lesbienne aussi dragueuse que dynamique (https://www.genre-ecran.net/?Dix-pour-cent-serie-2)
Éloïse Lang propose cette fois-ci en solo une comédie « familiale » fidèle à l’esprit déjanté de ses réalisations précédentes : deux sœurs décident d’emmener leur mère en vacances dans un club à la Réunion pour lui remonter le moral, après qu’elle a été larguée par son mari pour une femme de trente ans plus jeune, évidemment, et le père et ex-mari leur apprend bientôt que sa nouvelle compagne va avoir un bébé…
Miou-Miou incarnant Françoise, une femme de soixante ans totalement dépressive, est hilarante, et le film joue le contraste avec ses deux filles dans la trentaine, Camille Chamoux (Alice) et Camille Cottin (Rose) – qui se ressemblent en effet comme deux sœurs (même visage en lame de couteau, même jeu survolté) –, tout en jouant des personnages opposés, la mère de famille gnangnan pour la première, la célibataire aussi bordélique que « libre » pour la seconde.
Elles sont comme chien et chat et rivalisent dans leurs tentatives pour distraire leur mère. Elles y arriveront au-delà de leurs espoirs : dans la dernière partie du film, Rose essaie, par tous les moyens, de mettre un terme à la rencontre, qu’elle a elle-même organisée, entre leur mère et un bel artiste blond établi sur l’île. Ce qui est en jeu alors c’est la difficulté pour des filles adultes, de reconnaître à leur mère le droit d’avoir une sexualité.
Le miracle du film est de nous faire rire constamment, sans jamais que ce soit sur le dos de ses trois personnages féminins (ni des personnages secondaires d’ailleurs). Pour une fois, comédie ne rime pas avec misogynie. Le rythme endiablé ne faiblit jamais et l’autrice nous épargne tout happy end romantique, audace supplémentaire de ce film aussi drôle que féministe.