La Trêve, 2016, série TV belge (10 épisodes de 52 mn), réalisateur et showrunner, Matthieu Donck, scénario de Matthieu Donck, Stéphane Bergmans et Benjamin d’Aoust
Diffusée sur France 2 en aout-septembre 2016 et présentée comme le Twin Peaks (Télé 7 jours) ou le True Detective belge (Libération), cette série policière noire tournée dans les Ardennes belges, aligne tous les poncifs sur les turpitudes d’une petite ville de province.
Le policier veuf et dépressif, père d’une adolescente rebelle, qui est en charge de l’enquête sur l’assassinat d’un footballeur togolais engagé par le club local, va suspecter tour à tour à peu près tous les habitants du coin, depuis le commissaire local, empressé à couvrir ses peu reluisants concitoyens, jusqu’au gardien néo-nazi de l’immeuble où habitait la victime, en passant par un marginal à moitié fou, des fermiers incestueux organisateurs de parties fines sadomaso, un dirigeant de club corrompu, un coach qui abuse sexuellement des joueurs, un garçon de ferme autiste , un fils de diplomate pervers, j’en passe et des meilleures. Mais chaque fois, le policier se trompe ; la seule personne qu’il ne soupçonne pas, c’est son amour de jeunesse, qu’il a quittée après l’avoir incitée à avorter, et qu’il retrouve célibataire et bénévole s’occupant des migrants : c’est elle qui a aidé Driss, le jeune footballeur togolais, à apprendre le français. Mais devinez quoi, au 10e épisode, un dernier retournement révèle à notre policier stupéfait que cette femme qui paraissait dotée de toutes les qualités de générosité et de compassion qui manquent si cruellement à ses concitoyens est en réalité la coupable : quarantenaire frustrée, elle s’est amourachée du jeune footballeur, qui lui était plus intéressé par la fille du maire, de son âge, et elle l’a tué par jalousie !!!
Il ne s’agissait donc pas d’un crime raciste, résultat de l’exploitation mondialisée des jeunes footballeurs africains, mais de la vengeance d’une femme sexuellement frustrée.
On sait que la solidarité envers les migrants, que ce soit en France ou en Belgique, est majoritairement prise en charge par des femmes, souvent de milieu modeste, souvent d’âge mûr ou à la retraite, que ce soit pour les nourrir, pour les loger ou pour les alphabétiser.
Désigner comme coupable une femme de ce type, en ces temps d’égoïsme national institutionnalisé vis à vis des réfugiés victimes des guerres provoquées et entretenues par les armées occidentales, témoigne d’un cynisme particulièrement putride. On ne s’étonnera pas que le scénario soit écrit par trois hommes, mais on aura le droit de trouver ce dénouement accablant du point de vue politique et d’une misogynie qui dépasse les limites auxquelles nous sommes habitué.e.s…
Polémiquons.
1. La Trêve, 2 février 2017, 16:07, par Chantraine Olivier
Cette série semble effectivement une abominable caricature pleine de mépris pour ses personnages, avec la misogynie la plus crasse comme source ultime d’inspiration... Et ils ont réussi à faire 10 épisodes...Avez-vous une idée de l’audimat ?
1. La Trêve, 4 février 2017, 12:58, par Geneviève Sellier
A l’issue de la diffusion de la saison 1 sur France 2 en août-septembre 2016 voici le bilan qu’on trouve le 20/09/16 sur http://www.ozap.com/actu/audiences-la-treve-enregistre-un-bilan-correct-sur-france-2/507616
"L’heure est à la trêve, pour "La Trêve". Hier soir, France 2 diffusait les deux derniers épisodes de la série belge, lancée en août dernier et emmenée par Yoann Blanc, Guillaume Kerbusch et Jasmina Douieb. Et cette série policière en dix épisodes de 52 minutes avait connu un lancement correct, réunissant 3,39 millions de téléspectateurs pour son pilote, soit 13,9% du public, avant d’égarer des fidèles passé l’effet de curiosité.
Résultat, en moyenne, cette première saison de "La Trêve", diffusée à raison de 3 puis 2 inédits hebdomadaires, a rassemblé 2,59 millions de fidèles en moyenne en audience veille, selon Médiamétrie, face à "Esprits criminels" sur TF1 et "L’Amour est dans le pré" sur M6. La part de marché s’élève à 12,3% sur les individus de quatre ans et plus. Un bilan correct mais inférieur à "Meurtres au paradis" qui occupait la case cet été, avec 3,39 millions d’habitués (16,7% de PDA)."
On trouve quelques réactions de téléspectateurs sur allociné, majoritairement positives (et majoritairement masculines, si l’on en juge par les pseudos), mais si quelques-uns se plaignent d’une fin peu vraisemblable, aucun ne pointe son caractère misogyne. L’aveuglement aux enjeux de genre est un trait largement partagé par les cinéphiles et les téléphiles français.