Inutile de souligner ce qu’il y a de pathétique, pour ne pas dire dérisoire, à vouloir encore prolonger la « magie » de la série qui nous a enchantés, même si cette vision des rapports familiaux et sociaux dans un château britannique au début du XXe siècle est parfaitement conservatrice, pour ne pas dire réactionnaire…
La bonne idée de ce deuxième film est de confronter la famille Crowley au tournage d’un film dans le château, en échange d’une somme suffisamment rondelette pour refaire la toiture du dit château. Comme on est à la fin des années 1920, le tournage qui commence en muet se termine avec des dialogues enregistrés, condition sine qua non désormais pour rentabiliser un film. Le scénario recycle intelligemment l’histoire aujourd’hui bien connue des difficultés éprouvées par les acteurs à s’adapter aux contraintes de cette nouvelle technique. Et les guest stars, en particulier Dominique West (The Wire, The Hour, The Affair, The Crown), ajoutent au plaisir de retrouver les principaux membres de la famille Crowley et du personnel du château.
Une autre péripétie, qui se déroule en montage alterné avec le tournage du film, est moins heureuse. Un aristocrate français a légué à la vieille lady Grantham (Maggie Smith, encore d’attaque pour jouer sa propre mort) une villa sur la côte d’Azur, qu’une partie de la famille va visiter, à l’invitation de l’exécuteur testamentaire qui n’est autre que le fils du défunt. Passons sur l’anecdote… Ce qui m’a attristée et choquée, c’est de retrouver Nathalie Baye en vieille femme acariâtre et vindicative, furieuse de voir lui échapper la villa. Veuve de l’aristocrate, dont le fils est incarné par Jonathan Zaccaï – aussi aimable qu’elle est revêche –, elle est donc censée être contemporaine de Maggie Smith qui a quinze ans de plus qu’elle… Faut-il y voir un exemple de la façon dont le cinéma dominant traite les femmes de plus de cinquante ans quand elles n’ont pas encore un âge canonique ?