Marie-Francine est un film de, avec et sur Valérie Lemercier – réfractaires donc s’abstenir. Comme beaucoup de comédies, romantiques ou non, à la française, le film est gentil et consensuel, et ce serait un contre-sens d’y chercher une critique sociale.
Comme Tanguy en 2001 et Retour chez ma mère en 2016, Lemercier touche au "sujet de société" des adultes contraints de retourner vivre, temporairement ou non, chez leurs parents mais, comme dans ces deux films, le milieu aisé élimine les véritables problèmes auxquels pourrait se confronter une femme dans cette situation (d’autant plus qu’elle a deux filles adolescentes et qu’elle perd son travail en même temps). Lemercier égratigne légèrement au passage les manières des bourgeois du 16e arrondissement à travers les personnages des parents, magistralement interprétés par Philippe Laudenbach et Hélène Vincent, cette dernière reprenant à près de 30 ans d’écart son personnage de Mme Le Quesnoy dans La Vie est un long fleuve tranquille (1988).
Mais ce n’est pas, ou pas uniquement, le sujet. Marie-Francine est un film de femme pour les femmes, une comédie romantique sur une femme de 50 ans jetée brutalement par son mari (Denis Podalydès) pour une jeunesse. Lemercier fait habilement rire de son physique dans le sens où elle ne cherche pas à cacher son âge, et elle évite à la fois le grotesque et le cliché de la transformation glamour une fois qu’elle a rencontré un autre homme, un chef cuisinier nommé Miguel. Celui-ci, incarné par Patrick Timsit, introduit un élément convenu puisque Marie-Francine va rapidement trouver le bonheur dans une relation avec un autre homme (lui aussi largué par son épouse), mais il s’agit d’un personnage d’homme doux, de milieu modeste – ses parents sont des concierges portugais – et aux petits soins avec elle. Autre élément convenu, et typique de la comédie à la française, tout s’arrange en famille. La fin du film montre les deux familles recomposées, avec les parents, les filles de Marie-Francine et le fils de Miguel, qui s’ébattent dans une joyeuse harmonie, tous milieux sociaux confondus.
Alors, certes, Valérie Lemercier en tant que réalisatrice (c’est son 5e long métrage) a perdu le mordant de Palais-Royal ! (2005) et abandonné le côté grinçant de 100% Cachemire (2013). Ici, comme le veulent les règles de la comédie romantique, après quelques péripéties et malentendus tout est magiquement résolu, y compris les problèmes de travail. Après un épisode comique où elle vend des vaporettes, Marie-Francine retrouve vite un « vrai » job. Les scènes avec Patrick Timsit manquent de relief et on aurait pu se passer du personnage de la sœur jumelle Marie-Noëlle, également interprétée par Lemercier. Mais, malgré ces réserves, on passe un bon moment. On se régale du jeu hilarant de Lemercier ainsi que de Philippe Laudenbach et Hélène Vincent ; les scènes entre Marie-Francine et ses parents sont de loin les meilleures. Et c’est avec jubilation que l’on voit le mari volage tenter en vain de reconquérir Marie-Francine quand sa jeune compagne le laisse tomber. Bref, alors que les films d’auteur du moment semblent rivaliser de misogynie (voir Les Fantômes d’Ismaël ou L’Amant double) on aurait tort de bouder son plaisir devant cette comédie populaire efficace et amusante qui se concentre sur un personnage féminin sympathique et positif.
Polémiquons.
1. Marie-Francine, 2 juin 2017, 10:07, par Geneviève Sellier
Comme le souligne Ginette Vincendeau , l’offre de films français a tendance en ce moment à se polariser entre d’un côté des films d’auteur d’une misogynie aussi variée que retorse, et de l’autre côté des comédies empathiques avec les femmes mais d’une écriture un peu paresseuse ou qui manque un peu de complexité...
c’est bien dommage !