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We Want More !


Collectif SexismeSurEcrans / lundi 26 février 2018

En France, chacun-e peut créer, inventer, s’exprimer librement au travers de la création artistique. Grâce à l’exception culturelle, notre Etat considère que le fruit de cette création n’est pas un bien marchand comme les autres préservant ainsi la réalisation des œuvres culturelles. Avec son cinéma et ses actrices, la France incarne le 7ème art à travers le monde par sa diversité, sa singularité et son glamour.
Malgré tout, comme dans bien des domaines d’activité, les femmes restent discriminées dans le cinéma : moins d’1 long-métrage sur 4 agréé en France est réalisé par une femme. Aucune exposition à la Cinémathèque Française consacrée à une cinéaste. En 71 ans de festival de Cannes : 1/2 Palme d’or pour Jane Campion en 1993. Et un César de la meilleure réalisatrice pour Tonie Marshall en 2000.
Sans parler d’inégalités salariales avec un écart de 42% en défaveur des femmes OU d’inégalités des chances avec 28% des avances sur recettes attribuées par le CNC pour des projets menés par des femmes.
Si la France ne cesse d’œuvrer pour que les femmes parviennent à peser de la même façon que les hommes sur la société et son évolution, le chemin à parcourir reste encore long et sinueux.
Ailleurs, dans le monde, émerge une prise de conscience pour une réelle égalité des sexes dans les métiers du cinéma.
La Suède et l’Irlande ont adopté des quotas avec pour objectif que, d’ici trois ans, 50% des subventions aillent à des projets portés par des femmes. L’Espagne, elle, a choisi un système de points qui bonifie les projets des femmes pour l’attribution des aides. Le Canada s’est donné trois ans pour atteindre et maintenir la parité en ce qui concerne le nombre de productions réalisées par des femmes et les postes clés de création.
Les politiques de quotas sont les plus efficaces en termes de résultats. En Suède, suite à cette politique, la proportion de réalisatrices est passée de 16% en 2012 à 38% en 2016.
Le 28 septembre 2017, le Conseil de l’Europe a même adopté une recommandation historique invitant les états membres à revoir leurs législations et leurs stratégies pour promouvoir l’égalité dans le secteur, mettre fin à la répartition inéquitable des subventions et assurer la collecte, le suivi et la publication de données en la matière.
Nous pouvons légitimement nous demander pourquoi la France n’a alors pas légiféré ?
Contraints à l’application d’actions fortes qui ont déjà donné des résultats, les quotas constituent cette étape inévitable pour vaincre les inégalités – n’en fut-il pas de même pour la chanson francophone ? En politique ou pour les Conseils d’Administrations des grandes entreprises ?
Certains diront que le seul critère de sélection doit être le talent, que le talent... Cependant, le talent n’est pas qu’un don reçu au berceau mais également le fruit d’une éducation et d’une construction sociale dans lesquelles, les femmes restent encore désavantagées par rapport aux hommes.
A MOYENS EGAUX, LE TALENT LE SERA AUSSI !
60% des effectifs sortant de la Femis sont des femmes ET seulement 21% de films de femmes ont été agréés par le CNC : doit-on parler de talent ? Ou de discrimination à l’embauche ?
Ajoutons que 85% des fonds publics européens sont attribués à nos confrères-réalisateurs : juste une question de talent ?!

À travers cette tribune, nous voulons soutenir la Ministre de la Culture, Françoise Nyssen qui, le mercredi 7 février lors du comité ministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes, a annoncé sa détermination pour garantir la parité dans le monde de la culture. C’est une occasion historique pour Madame Nyssen de s’associer à une évolution majeure du secteur culturel
Nos objectifs partagés avec la Ministre de la Culture sont de :
 Parvenir à la parité des commissions de production, à la parité du nombre de projets soutenus dans les instances qui gèrent les fonds publics
 Obtenir le renouvellement des programmateurs pour atteindre la parité dans les lieux de promotion, de diffusion des œuvres cinématographiques et audiovisuelles

La France ne doit pas rester à la traîne de l’Europe. Elle doit faire émerger de nouvelles figures dans la création et l’industrie de la culture.
Ne laissons plus le sexisme et le machisme être des entraves à la liberté d’expression.
Le cinéma a besoin de l’imaginaire des femmes, de la fabrication de leurs images et de leurs histoires pour transformer les repères esthétiques dominants qui ont créé ces stéréotypes vénéneux.
Les femmes ont une Histoire qui ne peut ni ne doit plus être effacée de notre mémoire collective et de sa transmission aux jeunes générations.

Gageons que les responsables des organisations professionnelles, syndicales de la culture sauront saisir l’occasion historique de participer au changement promis par la Ministre.

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