pour une critique féministe des productions audiovisuelles

♀ le genre & l’écran ♂


Accueil > Publications > Le viol de femmes dans leur sommeil habite l’histoire de l’art

Huffpost

Le viol de femmes dans leur sommeil habite l’histoire de l’art


par Marie Telling / mardi 1er octobre 2024

Sur le Huffpost, un article éclairant sur le représentation du viol dans la production artistique : "Le viol de femmes dans leur sommeil habite l’histoire de l’art, de la mythologie jusqu’au cinéma."

« Pointe extrême du fantasme de domination masculine », le viol de femmes inconscientes a souvent été romancé et esthétisé dans la littérature et au ciné. Si la mythologie regorge de femmes violées, le cinéma n’est pas en reste : "récurrence dans les films de vampires des débuts du cinéma, comme Nosferatu le vampire (1922) et Vampyr (1922)."

« Dans les deux cas, on a cette image d’une femme dans une chemise de nuit blanche, étendue, dont le vampire suce le sang, ce qui ressemble évidemment énormément à un viol, résume l’historienne [GS]. C’était visiblement un fantasme, associé à des peurs et des situations tragiques, mais les fantasmes sont toujours ambivalents. »

L’histoire ne s’arrête pas là :

"C’est dans le cinéma d’auteur que Geneviève Sellier a relevé le plus d’exemples d’abus sur des femmes inconscientes. Dans La Peau Douce de François Truffaut (1964), le héros caresse et dévêt sa maîtresse, une femme par ailleurs bien plus jeune que lui, alors qu’elle vient de s’endormir. Un moment filmé comme une « scène d’amour », relève l’historienne. Chez Éric Rohmer, on apprécie aussi ce thème : dans la Marquise d’O (1976), tiré d’une nouvelle du XIXe siècle, l’héroïne est sauvée du viol par un soldat, puis violée dans son sommeil par son « sauveur » (qu’elle finira par épouser à la fin du récit).

On pourrait aussi citer Viridiana de Luis Buñuel (1961), où un oncle drogue puis dévêt et caresse sa nièce virginale. Ou encore Parle avec elle (2002), de Pedro Almodóvar, où un soignant, présenté jusqu’à la fin du film comme naïf et inoffensif, viole la femme dans le coma dont il est censé s’occuper. Dans tous ces films, Geneviève Sellier note « une esthétisation et une euphémisation du viol ».
Pour elle, la récurrence de ce thème s’inscrit dans la culture du viol – ces croyances et comportements sociétaux qui minimisent et alimentent la violence sexuelle. « C’est un continuum, et dans ces scènes, on a la pointe extrême de ce fantasme de domination masculine totale, qui valorise les personnages masculins en les mettant face à des corps féminins totalement vulnérables, analyse l’historienne. Cela rejoint tout le stéréotype de la demoiselle en détresse, comme si rien n’était plus désirable qu’une femme vulnérable et passive. »


L’article dans le HuffPost

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.