Un jeune réalisateur italien (c’est son premier long métrage) choisit de raconter une histoire d’amour contrariée entre deux femmes vieillissantes, Nina et Madeleine, incarnées par deux actrices prestigieuses, l’Allemande Barbara Sukowa (qu’on a vu chez Margarethe von Trotta, Fassbinder, Schlöndorff, Cronenberg…) et Martine Chevalier, qu’on connaît comme sociétaire de la Comédie française. L’une et l’autre assument leur âge sans avoir recours à la chirurgie esthétique…
Ces deux femmes âgées sont magnifiques et la mise en scène souligne leur beauté et la sensualité de leurs relations. On comprend qu’elles cachent leur liaison derrière une relation de voisinage (elles habitent sur le même palier) parce que Madeleine a deux grands enfants qui vivent dans la même petite ville du Midi : sa fille (Léa Drucker), divorcée et mère d’un jeune garçon, et son fils avec qui les relations sont difficiles (il lui reproche d’avoir trompé son père).
Elles ont décidé de partir s’installer à Rome où elles se sont rencontrées vingt ans plus tôt, mais Madeleine n’arrive pas à en parler à ses enfants, ce que Nina lui reproche.
Tout bascule quand Madeleine a un accident cérébral : la fille prend en main la vie de sa mère et embauche une aide qui vient s’installer chez elle : Nina ne peut plus voir son amie librement, d’autant plus que celle-ci a perdu la parole et la mobilité.
On suit Nina dans ses tentatives pour renouer avec son amante, et l’aider à récupérer, malgré les entraves que représentent la présence continuelle de l’aide et les interventions de la fille.
Quand celle-ci comprend la nature des relations entre sa mère et sa voisine, elle réagit violemment, à la mesure du double tabou auquel elle est confrontée : la sexualité parentale et l’homosexualité.
Le film montre sans ménagement la violence que la famille en tant qu’institution inflige aux personnes âgées « déviantes », relayée par les institutions médicales et les maisons de retraite. Mais nous sommes dans un mélodrame où les victimes finissent par surmonter les obstacles et à faire reconnaître leur bon droit…
C’est un film rare, à la fois par la question qu’il traite (la sexualité des femmes âgées) et par la délicatesse avec laquelle il la traite. À ne pas manquer.
Polémiquons.
1. Deux, 5 mars 2020, 08:32, par philippe
Très, très belle histoire d’amour contrariée entre deux femmes ayant l’âge d’être grand-mères, au sein d’un univers de classe moyenne modeste, filmées avec tendresse et pudeur par un réalisateur franco-italien (1 film). Véritable thriller (réussiront-elles à rester ensemble malgré l’adversité ?) au message universel : la sexualité des personnes âgées, la difficulté d’acceptation de l’homosexualité/de la bisexualité par l’entourage familial.
Très, très beau film. Bouleversant.
2. Deux, 9 mars 2020, 23:22, par Florence Montreynaud
Merci de votre analyse ! Merci de m’avoir fait connaître ce magnifique film ! Puissance de l’amour…
3. Deux, 14 octobre 2020, 22:05, par Troël
Très beau film j ai adoré. Très subtil, tout en finesse avec deux très bonnes actrices.
Sujet effectivement très trop rare au cinéma.