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Sylvain Desclous / 2025

Le Système Victoria


par Geneviève Sellier / mercredi 12 mars 2025

Ou le stéréotype du type naïf pris dans les rets d’une sorcière

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David Kolski (Damien Bonnard) est architecte mais a accepté pour des raisons financières de faire fonction de chef des travaux pour achever la construction d’une tour dont le promoteur impose un budget et des délais intenables, en vertu d’un deal avec l’acheteur koweitien. Il a une fille d’une dizaine d’années en garde partagée mais il a le plus grand mal à assumer sa charge parentale étant donné ses horaires de travail illimités. Il est abordé un soir par une femme aussi belle que mystérieuse, Victoria (Jeanne Balibar), qui se présente comme la DRH d’une grosse boite d’investissement, qui le drague sans autre forme de procès. J’ai eu pour ma part un peu de mal à croire, au vu du physique de Damien Bonnard, à sa déclaration quand elle l’entraîne dans une chambre d’hôtel : « Je vous trouve très beau »…

Ils se revoient entre Bruxelles où est l’entreprise et Paris où est la tour, dans des lieux toujours très classe, jusqu’à ce qu’il décide d’arrêter. Elle l’en dissuade mais devient injoignable quand il tente de la recontacter. Quand il la retrouve enfin, il est devenu accro, elle l’entraîne dans une boite échangiste (l’intérêt de cette séquence très esthétisante m’a échappé…). Par ailleurs, elle évoque sa vie familiale et amoureuse très libre, ce qui provoque la jalousie de David.

Pendant ce temps, le chantier avance mais les difficultés se multiplient, et la mère de la fillette finit par assumer seule la garde, devant les défaillances réitérées du père. Il est contacté par de mystérieux intermédiaires qui lui propose une somme rondelette pour retarder la fin du chantier. On apprendra qu’il s’agit pour les Koweitiens de se désengager, car ils n’arrivent pas à trouver de locataires pour la tour. David refuse mais apprend bientôt que son second, qui est aussi son beau-frère, lui, a accepté… Il le vire, ce qui ajoute à ses difficultés, bien sûr.

Victoria lui dit devoir s’absenter mais lui propose de le retrouver au sommet de la tour le soir de la fin du chantier. Il parvient en effet à finir dans les temps (on se demande d’ailleurs comment, étant donné les tuiles qui se sont accumulées). Lors du pot qui réunit l’équipe, il apprend que la boite pour laquelle travaille Victoria va louer la tour, pour un prix beaucoup plus bas que celui du marché, obtenu auprès des Koweitiens aux abois. Il comprend que l’intérêt de Victoria pour son travail, qui est allé jusqu’à lui proposer de participer à un concours d’architecture qui correspond exactement à ses compétences, était un leurre pour l’inciter à finir ce chantier dans les temps, en flattant son désir de se dépasser. Il attend en vain Victoria ce soir-là et se casse la figure dans les escaliers mal calibrés de la tour, en croyant la poursuivre.

Jeanne Balibar s’est répandue sur France Inter et France Culture pour dire combien elle avait adoré incarner cette mauvaise femme avec toute la subtilité dont elle est capable : argument classique des actrices pour éviter le reproche d’en rajouter dans la misogynie dominante. Le physique de « gros nounours » de Damien Bonnard accentue le stéréotype du type naïf pris dans les rets d’une sorcière. À quoi il faut ajouter pour faire bonne mesure, sa frustration d’architecte incompris : il n’a jamais pu construire le projet (forcément génial) d’un écoquartier dont les maisons posées sur des rails tournent selon l’orientation du soleil… Victoria n’en fera qu’une bouchée.

Le film tente de s’incarner en documentant les nombreuses difficultés que rencontre le responsable de la construction d’une tour, mais cela fait paraître invraisemblable qu’il réussisse à mener à bien l’entreprise. Les prises de vue impressionnantes de la tour en construction font contraste avec les intérieurs luxueux où se rencontrent les deux amants, mais on finit par se demander où il trouve le temps de ces escapades passionnées… On remarquera qu’il ne met pas la même ferveur à s’occuper de sa fille.


>> générique]https://www.allocine.fr/film/fichefilm-293915/casting/

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Polémiquons.

  • Bonjour madame,
    Je vous remercie d’aller voir tant de mauvais films pour nous éviter des déceptions et j’admire votre abnégation.
    Je suis frappée par le nombre de films dans lesquels les hommes sont des héros ou des victimes. En dehors de ces deux pôles, point de salut ou rarement.
    Si le sens du film que vous relatez – l’homme victime d’une diabolique - ne surprend guère compte tenu de la bande annonce, je suis tout de même étonnée de la profonde bêtise du scénario. Quel mépris pour le public… Comment ces gens arrivent-ils à avoir des financements ? Peut-être sur l’argument de l’adaptation d’un best-seller ? Je me demande si le bouquin est aussi mauvais.
    Petit clin d’œil : je suis allée voir la fiche Allociné du réalisateur : l’acteur principal lui ressemble énormément (un bel homme donc :D).
    Bien à vous,
    A.

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