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Marie-Castille Mention-Schaar / 2017

La Fête des mères


>> Geneviève Sellier / lundi 28 mai 2018


L’enfer est pavé de bonnes intentions… encore que… sortir pour la fête des mères, célébration typiquement patriarcale de l’assignation des femmes à la maternité (en France on la doit à Pétain), un film intitulé La Fête des mères, relève au mieux de la provocation, au pire de la connivence, involontaire ou non, avec la Manif pour tous…

On pouvait craindre le pire et on n’est pas déçu. Sur un mode narratif décousu qui se veut choral (sont tressées une dizaine de situations « maternelles » différentes), on voit défiler tous les poncifs concernant la maternité, sans que le film parvienne jamais à dépasser les lieux communs. Entre la présidente de la République (Audrey Fleurot) déstabilisée par la naissance de son nouveau-né (comme c’est vraisemblable qu’on l’appelle pour venir changer la couche du bébé pendant une réunion avec ses conseillers), la brillante journaliste politique (Clotilde Coureau) incapable de s’intéresser à ses enfants et qui se fait faire des tests pour savoir si elle est encore capable d’en avoir, la non moins brillante professeure d’université (Olivia Côte) qui fait un cours sur le « Mother’s Day » américain, tout en affirmant sa détestation de la maternité, le fils surprotecteur (Vincent Dedienne) qui harcèle sa mère (Nicole Garcia) comédienne parce qu’elle a fait un AVC, la pédiatre (Pascale Arbillot) qui tente désespérément de se faire aimer de sa mère (Marie-Christine Barrault) une brillante intellectuelle atteinte d’un début d’Alzheimer, tout en adoptant une petite Africaine, le film nous propose un catalogue totalement « hors sol » de la maternité, qui souffre cruellement du manque d’analyse concrète d’une situation concrète, comme aurait dit Lénine…

La présence d’une nounou espagnole (Carmen Maura), mère idéale qui se trouve être aussi la mère de la présidente de la République, et d’une prostituée asiatique qui fait le tapin pour envoyer de l’argent à son fils resté au pays, tout en regardant avec envie les enfants qui passent dans la rue, ajoute encore à l’artificialité du film. Sans parler de la dernière scène où l’on voit les trois sœurs déjeuner avec leur mère dans une maison de retraite dont le luxe et le personnel masculin sont une véritable provocation pour qui connaît la réalité des EHPAD…

À mille lieues des difficultés et des aspirations réelles des mères ordinaires dans la société française (à commencer par le partage des tâches éducatives avec les pères), ce film aboutit à essentialiser la maternité dans une optique que ne renieraient pas les tenants de la Manif pour tous. Quel gâchis !

On se dit que ce qui manque cruellement à la réalisatrice, c’est un minimum de conscience féministe ! il y a encore du boulot…


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